Interdiction d’une conférence sur la Palestine à l’Université Paris-​Dauphine : une nouvelle atteinte aux libertés universitaires et d’expression !

Mise à jour au 06/05 :

Le tribunal administratif a jugé illégale l'interdiction par le comité exécutif de Dauphine de la conférence sur la Palestine prévue ce jour, mais la gouvernance s'acharne et fait appel.

Le détail des faits :

Le 6 mai, le Comité Palestine Dauphine - auquel participent la CGT Dauphine, SUD éducation Paris, l'UNEF et l'association Les Mutin.e.s ainsi que de nombreux.ses étudiant.e.s non-affilié.e.s - devait organiser une conférence sur la Palestine avec Ivar Ekeland, ancien président de Dauphine et président de l'AURDIP (Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine), et Rima Hassan, juriste, fondatrice de l’ONG Observatoire des camps de réfugiés et du collectif Action Palestine France en 2023 et candidate LFI aux élections européennes.

Toutefois, le Comex de notre université (président, VP et DGS) a décidé le 22 avril dernier de ne pas autoriser cet événement, invoquant le « renforcement au niveau le plus élevé de Vigipirate urgence Attentat », « le contexte international et national actuel particulièrement tendu », ainsi que le « risque de troubles à l'ordre public ».
Suite à cette interdiction, nos syndicats SUD éducation Paris et la CGT-Dauphine ont déposé un référé liberté devant le tribunal administratif de Paris pour entrave à la liberté d'expression et de réunion.

Dans son ordonnance du 4 mai 2024, le juge des référés a suspendu cette décision du COMEX de l'université.
Selon les juges des référés du tribunal administratif de Paris, « en refusant d’autoriser la conférence projetée, le président de l’université Paris-Dauphine a assuré une conciliation manifestement illégale des contraintes inhérentes à ses pouvoirs, d’une part, de veiller au respect des libertés dans l’établissement et, d’autre part, d’assurer l’indépendance de celui-ci de toute emprise politique ou idéologique et de maintenir l’ordre dans ses locaux. Par conséquent, les requérants sont fondés à soutenir que ce refus porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion. »
Toutefois, la gouvernance de l'université a décidé de faire appel de l'ordonnance du 4 mai dès le lendemain. En conséquence, l'affaire sera audiencée ce lundi 6 mai à 14 heures 30.

Cette victoire devant le Tribunal administratif de Paris est importante en cette période où les atteintes aux libertés se multiplient. Que ce soient les atteintes à la liberté d’expression, à travers la multiplication des convocations pour apologie du terrorisme ou les atteintes aux libertés de manifestation et de réunion, la censure qui sévit en réponse à toute forme de soutien aux Palestiniennes et Palestiniens, témoigne d’un raidissement autoritaire de l’État et des institutions.

Mais alors que la décision de la justice est claire, l'université continue à tenter d'empêcher, par tous les moyens, notre expression sur ce sujet. Continuons à nous mobiliser en soutien au peuple palestinien et à résister à la censure et montrons que, par temps de crises, notre communauté sait agir, écouter, discuter et débattre sereinement.
SUD éducation Paris et la CGT-Dauphine, membres du Comité Palestine Dauphine

 

Communiqué du Comité Palestine Dauphine

Le 6 mai prochain, une conférence sur la question palestinienne a été programmée par le Comité Palestine Dauphine. Devaient y intervenir Ivar Ekeland, professeur émérite et ancien président de l’université Paris Dauphine (1989-1994), à propos de la destruction des universités à Gaza et de la coopération entre les universités israéliennes et françaises, ainsi que Rima Hassan, juriste française d'origine palestinienne candidate aux européennes sur la liste LFI, sur l'action et la portée de la justice internationale.

Toutefois, la gouvernance de notre établissement, à travers son comité exécutif (Comex) a décidé de ne pas autoriser cette manifestation invoquant le "renforcement au niveau le plus élevé de Vigipirate Urgence Attentat", "le contexte international et national actuel particulièrement tendu", ainsi qu'un "risque de troubles à l'ordre public", alors même que l'évènement n'était ouvert qu'aux étudiant.e.s et personnels de l'Université.

Le Comité Palestine Dauphine dénonce fermement cette décision qui porte une nouvelle fois atteinte à la liberté d'expression ainsi qu'aux libertés universitaires. Nous regrettons de voir notre université s'inscrire dans l'actuelle campagne de censure et de criminalisation de la défense de la cause palestinienne, alors que les atteintes à la démocratie sont alarmantes dans notre pays. Nous rappelons que traiter de la Palestine est un véritable enjeu académique comme en témoigne la pétition signée par 1350 enseignant.e.s et chercheur.euse.si, qui réaffirmait la nécessité d'oeuvrer pour une recherche libre.

En ce sens, le Comité Palestine Dauphine appelle à ne pas céder à la pression et réaffirme sa détermination à œuvrer pour faire entendre sa solidarité avec le peuple palestinien en demandant un cessez-le-feu immédiat et permanent en Palestine, l'arrêt de la colonisation et des discriminations contre les Palestinien-nes, ainsi que le boycott des institutions universitaires israéliennes complices de ces crimes.

Face au drame en cours, nous entendons continuer à nous mobiliser pour protéger les droits fondamentaux des Palestinien.nes, conformément à ce qu'exige le droit international.

Comité Palestine Dauphine, le 24 avril 2024

Cagnotte pour aider à financer le référé-liberté : https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/non-a-l-interdiction-d-une-conference-sur-la-palestine-a-dauphine

Gaza : les libertés universitaires en danger ! – Communiqué intersyndical ESR