Accompagner et créer du lien : Les AED ne sont pas des surveillant.es

Nous relayons la motion rédigée par l'équipe de vie scolaire du lycée polyvalent Louis Armand (Paris 15) et adoptée lors du CA du 3 juillet 2025.

"Nous, les AED et CPE, souhaitons réagir aux discours gouvernementaux face au meurtre de notre collègue à Nogent par un jeune élève.

Le premier ministre M. Bayrou a appelé à un durcissement des mesures de sécurité dans les établissements. Il a été question d'installation de portiques et de fouilles régulières des sacs. Cette dernière mission serait prise en charge par les AED.

Nous souhaitons affirmer notre désaccord avec cette idée.

D'abord, nous ne sommes en aucun cas formés pour une telle mission. Notre métier n'est pas un métier de sécurité et nous ne pouvons prendre en charge ce qui relève des forces de l'ordre.

Ensuite, la fouille des sacs ou inspection visuelle n'est pas une solution à la violence. Elle expose en premier lieu les AED à de potentielles situations dangereuses comme nous pouvons tristement le constater aujourd'hui. Elle met également en danger les autres élèves.

L'expérience nous montre que la prévention de la violence dans les établissements scolaires ne passe pas uniquement par la surveillance, mais par l'accompagnement des élèves. C'est notamment grâce au lien de confiance construit tout au long de l'année par les assistants d'éducation avec les élèves que ces derniers peuvent considérer l'école comme un endroit où ils se sentent en sécurité, où ils se sentent soutenus, et où ils apprennent à vivre en société.

Le travail de surveillance d'un assistant d'éducation, puisque l'une de nos missions principales est bien d'assurer la sécurité des élèves, est en fait un travail de création de lien avec eux afin qu'ils puissent avoir une scolarité paisible, qu'ils puissent s'épanouir dans un espace d'apprentissage et qu'ils obtiennent un diplôme qui leur permette de s'intégrer en société et de subvenir à leurs besoins. C'est bien ce à quoi nous œuvrons en tant qu'assistants d'éducation. Si le nom du poste n'est plus celui de "surveillant", c'est bien qu'il faut désormais considérer notre métier autrement. Les mots comptent.

Si les AED deviennent des agents de sécurité, ce lien sera inévitablement rompu. Nous croyons fermement que notre travail est un travail social qui est précieux et indispensable au sein des établissements, et nous appelons à une reconnaissance de ce travail.

Un durcissement des mesures de sécurité et des règlements n'est ni souhaitable, ni efficace, et il ne doit en aucun cas être la responsabilité des assistants d'éducation qui ont en effet un rôle éducatif essentiel.

Nous croyons qu'il faut plutôt affermir la lutte contre la précarisation, qui est à la source du problème, et agir en faveur d'une meilleure prise en charge de la santé mentale des élèves. Cette prise en charge ne se réglera pas par la nomination de "référents" dans les établissements car ce travail de repérage des élèves en souffrance est fait depuis bien longtemps. C'est sur la prise en charge extérieure qu'il faut accentuer les mesures. Nous considérons qu'il est également urgent de réfléchir à des aides à la parentalité, repenser un vrai maillage associatif et une présence des services publics dans les quartiers, au contact direct des personnes. L'école ne peut pas tout prendre en charge et il est fondamental de travailler à une vraie politique de la ville pour que les élèves et leurs familles puissent être accompagnés."