« Choc des savoirs » : publication des textes au Journal Officiel

C'est dans un contexte de rejet massif des personnels et parents d'élèves que sont publiés ce jour les textes (Arrêté ou Décret) du "Choc des savoirs" présentant les nouveautés annoncées par Attal lors d'une conférence de presse le 5 décembre dernier. A quelques variations sémantiques près, tout y est : groupes de niveau, prépa lycée,...

Sur les groupes de niveau

Les textes prévoient l’organisation des enseignements de mathématiques et de français en groupes sur l’ensemble du volume horaire hebdomadaire, en 6e et 5e à la rentrée 2024, et en 4e et 3e à la rentrée 2025.

Les textes précisent "Les groupes sont constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs. Les groupes des élèves les plus en difficulté bénéficient d'effectifs réduits." Même si le qualificatif de “niveau” a disparu, la précision des "groupes des élèves les plus en difficulté" ne leurrent personne. De plus, le cadre imposé est beaucoup trop rigide pour mettre en œuvre des groupes de besoin. Les groupes de besoin sont des modalités d’enseignement ponctuelles en effectifs réduits. Or les textes imposent que les élèves soient réunis en groupe sur au moins 26 semaines sur les 36 semaines de l’année scolaire et les moyens ne sont pas suffisants pour faire des groupes à effectifs réduits. Aucun chiffre n'est précisé sur la taille de ces effectifs réduits, et comme nous l'avons déjà vu pour les CP à 12 ou pour les effectifs en ULIS ou UPE2A, si rien n'est précisé dans les textes, ces effectifs sont souvent dépassés !

Les personnels refusent cette réforme qui fragilise les élèves en cassant les groupes-classes et qui va dégrader les conditions de travail des personnels : ne plus suivre tous les élèves d’une classe est inacceptable pour les collègues de français et de mathématiques, tout comme ne plus enseigner aux mêmes élèves en cours d’année. De plus, les changements de groupes possibles impliquent un temps de concertation supplémentaire non pris en compte dans les textes, et réduits drastiquement la liberté pédagogique. Elle pose aussi de nombreuses questions sur les services des enseignant·es en français et en maths : les groupes étant tous alignés, ils ne pourront avoir deux fois le même niveau. Dès 2025, le service maximum d'un·e enseignant·e sera de 17,5h en français (4,5 h en 6e, 5e et 4e et 4h en 3e) et de 15h en mathématiques (4,5h en 6e et 3,5h en 5e, 4e et 3e). Leur suggèrera t-on alors d'effectuer un complément de service dans un autre établissement ?

De plus, l’absence de moyens pour appliquer cette réforme conduit les autres disciplines du collège à perdre l’utilisation de la “marge d’autonomie” des établissements qui sera uniquement consacrée à l’enseignement du français et de mathématiques. De nombreux collègues vont perdre leur poste ou devront faire des compléments de service dans d’autres collèges. Le texte concernant l’organisation du collège permet également de rogner une heure sur l’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité : c’est inacceptable. De plus les dédoublements dans d'autres matières, comme en sciences, vont devenir de plus en plus rares.

Sur la prépa lycée

Dans chaque département sera installé une classe préparatoire au lycée à la rentrée 2024, avant que ce dispositif ne soit généralisé à la rentrée 2025. Nous ne savons pas à ce jour où cette classe sera installée à la rentrée à Paris.

Cette classe préparatoire à la classe de seconde est accessible aux élèves admis en 2nd GT ou 2nd pro et n'ayant pas obtenu le diplôme national du brevet l'année scolaire précédente et qui sont intéressés par ce dispositif.
A l'issue de la classe préparatoire à la classe de seconde, les élèves poursuivent en 2025-2026 leur scolarité dans la formation et l'établissement dans lesquels ils avaient initialement été admis, sous réserve d'une éventuelle modification de l'offre de formation. Un éventuel changement d'orientation peut être demandé en fin d'année scolaire, sur avis du conseil de classe.

Si le texte actuel précise les modalités de cette classe pour la rentrée 2024, et donc son expérimentation, rien n'est précisé pour la rentrée 2025, mais les annonces d'Attal nous préparent au pire : chute drastique du taux de réussite au DNB, admission massive dans ces classes préparatoires au lycée dont le volume horaire prévu est inférieur à celui d'une classe de 2nd GT et qui risque de freiner massivement le nombre d'élèves de ces classes souhaitant poursuivre leurs études après la fin de la scolarité obligatoire. Il s'agit ni plus ni moins d'un nouvel outil de relégation !

Autres changements

Le volume horaire de l'EMC (enseignement moral et civique) apparait désormais dans les programmes : 30 minutes par semaine, inclue dans les 3h d'histoire-géographie. Il n'y a donc pas de temps en plus pour les élèves.

L'heure de soutien ou approfondissement en français ou en mathématiques disparait complètement des textes, le volume horaire de la classe de 6e passant de 26h à 25h par semaine. Une sacrée économie dans le budget de l'Etat !

De plus, l'annexe 2 de l'arrêté fixant le volume horaire des classes de 6e puis de 5e, 4e et 3e précise qu'à ces 25h de cours s' "ajoutent l’engagement et la participation des élèves aux projets d’éducation à la citoyenneté, aux médias et à l’information. Ces projets donnent lieu à des heures d’enseignement dédiées, dans la limite de 18 heures annuelles." L'EMI est donc désormais dans les programmes mais sans heure supplémentaire.

Des heures de soutien supplémentaires consacrées à la maîtrise des savoirs fondamentaux peuvent être proposées aux élèves dont les besoins ont été identifiés, dans la limite de deux heures hebdomadaires. Ces heures de soutien supplémentaires seront à priori destinée à être prise sur Pacte.

Le texte laisse aussi la possibilité aux collèges de réduire le nombre d'heures de LCA (Langue et Culture de l'Antiquité) à 2h en 4e et 3e, soit 1h de moins que ce qui est en vigueur actuellement. La perte de marge des établissements risque de fortement impacté cet enseignement.

Dans le premier degré, la généralisation des évaluations nationales, la labellisation des manuels et la politique des savoirs fondamentaux poursuit l’entreprise de casse de la dimension pédagogique fondamentale du métier d’enseignant-e. Le ministère entend standardiser leur enseignement pour que le rôle des enseignant-es se borne à évaluer et trier les élèves.

 

Les personnels sont massivement mobilisés pour exprimer leur refus de la réforme "Choc des savoirs" par des pétitions, des motions, des rassemblements et des journées de grève très bien suivies. Ces mobilisations continues avec la grève massive pour l'école publique le 2 avril. Soyons nombreux à continuer à nous mobiliser contre cette réforme rétrograde !