Nous n’irons pas manifester avec l’extrême droite ce dimanche : stop à l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme

Une grande manifestation contre l’antisémitisme est organisée à Paris ce dimanche, à l’appel de la présidente de l’assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du président du sénat Gérard Larcher. Marine Le Pen, Eric Zemmour et d’autres représentant·es de l’extrême droite y seront présent·es.

Il nous paraît inconcevable de manifester contre l’antisémitisme aux cotés de partis fondés par les pires antisémites. Rappelons que Jean-Marie Le Pen considère que les chambres à gaz sont « un détail de l’histoire », ou encore que pour Eric Zemmour, Pétain aurait « protégé les juifs français ». Tout comme il nous paraît inconcevable de manifester aux côtés de forces politiques de droite ayant un agenda raciste visant à une alliance avec Zemmour et maltraitant les exilé·es comme en témoignent les débats récents au Sénat sur le projet de loi «immigration ».

Au-delà de l’extrême droite, Emmanuel Macron tente de réhabiliter Pétain qui aurait été « un grand soldat pendant la première guerre mondiale ». Darmanin, ministre de l’Intérieur, a lui-même été proche de l’Action Française dans sa jeunesse, mouvement royaliste dont l’antisémitisme n’est plus à démontrer. Le même Darmanin se permet de citer l’écrivain antisémite notoire Jacques Bainville à la tribune de l’Assemblée nationale. De surcroît, dans son livre Le séparatisme islamique – Manifeste pour la laïcité, Darmanin souligne que les Juifs étaient des corps étrangers qui posaient problème du fait de leur rapport à l’argent. Il valide ainsi toute l’argumentation antisémite de Napoléon, ainsi que sa politique à l’égard des Juifs.

Le RN, qui tente aujourd’hui de se faire une image respectable semble oublier qu’il a été co-fondé par Pierre Bousquet, Waffen SS de la division Charlemagne. Voir ce parti défiler aujourd’hui dans une manifestation contre l’antisémitisme est une véritable insulte à toutes les victimes de l’antisémitisme.

Il y a aujourd’hui un discours qui prétend que l’antisémitisme viendrait des quartiers populaires et des populations racisées. Ce discours est largement mis en avant dans les médias, par exemple Pascal Perri, cet éditorialiste de LCI qui parle « d’antisémitisme couscous » de manière décomplexée. Du côté du gouvernement, on pense immédiatement à Gérald Darmanin accusant immédiatement et aveuglément les musulmans (et l’ultra-gauche) des tags d’étoile de David faits à Paris (alors que les auteurs de ces actes avaient déjà été interpellés et n’avaient rien à voir avec les musulmans).

De la même manière, le Sénat tente de faire passer un texte visant à criminaliser la critique de l’Etat d’Israël en mettant sur le même plan antisionisme et antisémitisme, ce qui vise uniquement à empêcher la dénonciation des massacres en cours à Gaza, et participe de fait à invisibiliser les résistances juives et israéliennes face aux crimes de guerre en cours.

La lutte contre l’antisémitisme ne doit pas être une manière de s’acheter une respectabilité, ni une manière d’exprimer son racisme. Son instrumentalisation est profondément révoltante. Il s’agit d’une violence réelle, d’agressions réelles qui se voient récupérées et transformées par des politicien·nes soucieux·ses de s’acheter une bonne conscience. L’antisémitisme doit être combattu, ainsi que son instrumentalisation. Il est très choquant d’être taxé d’antisémite lorsque l’on refuse de marcher aux côtés de l’extrême-droite. Il s’agit là d’une tentative répugnante d’inversion des valeurs entreprise par le camp réactionnaire.

Nous n’irons pas marcher aux côtés de racistes, d’homophobes, de masculinistes, d’islamophobes et d’antisémites ce dimanche.

Sud Education Paris se joint à l’appel à se rassembler à 11h ce dimanche 12 novembre au square des martyrs du vélodrome d’hiver contre l’antisémitisme, les racismes et l’extrême-droite.