Réforme des retraites : le gouvernement prépare un passage en force

Réforme des retraites : le gouvernement prépare un passage en force

Communiqué de SUD éducation

Le gouvernement prévoit de présenter sa réforme de retraites le 15 décembre prochain. Le mouvement social de l’hiver 2019 avait pourtant montré l’opposition de la population et des personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et la Recherche à la casse de notre système de retraites par répartition.

La propagande du gouvernement s’appuie sur la crainte d’un déficit croissant des retraites. Or c’est un mensonge : on note un léger excédent en 2021 (0,9 milliard) et en 2022 (3,2 milliards), les dépenses sont quasiment stables (+ 0,1 point de PIB).  La baisse des recettes de l’État est provoquée par l’austérité salariale et les exonérations de cotisations.  Pour réduire le déficit budgétaire, le gouvernement pourrait faire le choix d’augmenter les impôts et les cotisations sociales supprimés pour les très riches (suppression de l’ISF, plafonnement de la taxation des dividendes, suppression d’impôts de production, fraude fiscale et sociale des très grandes entreprises, laxisme à l’égard des paradis fiscaux, exonération de cotisations sociales jusqu’à 2,4 fois le SMIC, etc.) et de taxer les superprofits.

Le ministre de la Fonction publique a affirmé à l’Union syndicale Solidaires dont SUD éducation est membre que le calcul des pensions de retraites sur les 6 derniers mois de la carrière ne seraient pas remis en cause. Néanmoins le recul de l’âge de départ en retraite annoncé par la Première Ministre est inacceptable. Ce report ne tient pas compte de l’espérance de vie en bonne santé (64,5 ans pour les hommes et 66 ans pour les femmes) et c’est une véritable sanction pour les personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et la Recherche qui n’ont de cesse de dénoncer des conditions de travail dégradées et des salaires trop bas. Les personnels qui partiront avant l’âge de départ légal verront leur pension amputée. Cette future réforme conduit à une paupérisation croissante des retraité·es.

Le ministre de la Fonction publique reste encore vague sur le traitement qui sera fait aux personnels contractuels qui composent pourtant 25% des effectifs de l’Éducation nationale et plus de 35% de l’ESR et qui ne bénéficient pas du même système de retraites que les fonctionnaires. De même, le gouvernement n’a prévu aucune mesure visant à combler les inégalités de pension entre les hommes et les femmes.

Pour SUD éducation, le gouvernement doit renoncer à cette future réforme des retraites et au recul de l’âge de départ à 65 ans. Les personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et la Recherche n’accepteront pas cette nouvelle attaque.

SUD éducation défend avec son Union syndicale Solidaires un système de retraite sur la base d’une solidarité intergénérationnelle et redistributive.

SUD éducation revendique : 

  • la retraite à 60 ans (et 5 ans de départ anticipés en catégorie active), la retraite à taux plein sans décote sur la base de 37,5 annuités, pas de retraite en dessous du SMIC et le SMIC porté à 1700 euros net,
  • la remise en cause des 75 Mds€ de cotisations sociales
  • la mise en place d’une cotisation sociale sur les dividendes
  • l’égalité salariale Femmes/Hommes par la revalorisation des filières féminisées
  • le partage du travail : 32H sans perte de salaire ni flexibilité

Non les 65 ans (ni 64 ou même 63) ne passeront pas !

Communiqué de l'Union syndicale Solidaires

Tandis que le 3eme cycle de concertation portant sur le financement commence, la première ministre a jugé bon d’annoncer dans une interview les grandes lignes du contenu du futur projet de loi sur les retraites. Le gouvernement sort donc du bois. Rien de très surprenant, ni dans la méthode (des annonces à la presse, sans attendre la fin du cycle de concertation), ni sur le fond. Les annonces “finalisées” seront dévoilées le 15 décembre prochain.

Elle annonce un report progressif de 62 à 65 ans jusqu’en 2031, en légitimant tout ça à nouveau, par l’équilibre financier du système (après avoir 2 fois changé de motif justifiant cette réforme).

Comme d’habitude tout ceci sera saupoudré de mesurettes vendues comme positives pour les femmes et les seniors ou les petites pensions. La première ministre parle d’un stand by de la décote à 67 ans, d’un assouplissement d’anticipation de départ pour les carrières longues, d’élargissement possible des critères de pénibilité, de la prise en compte du congé parental dans le calcul de la durée de cotisation...et d’aller vers un minimum de pension (si carrière complète) à 85% du Smic (1300 euros à la date d’entrée en vigueur de la réforme).

Ce gouvernement reste donc sur le recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans («négociable» à 64 avec des contre-parties ?) met fin progressivement à tous les régimes spéciaux (via des clauses du grand-père-mère) et on est très loin de vraies mesures pour faire cesser la différence de 40 % de pensions des femmes par rapport aux hommes, et de sortir de la logique de paupérisation des retraité-es !

Rien n’est dit sur la méthode : projet de loi sécurité sociale rectificatif dès janvier ? Projet de loi en mars ? Pour une application annoncée début d’été.
Pour Solidaires, allonger la durée de cotisation, reculer l’âge de départ à la retraite n’est pas une option. Travailler plus pour gagner moins et de petites retraites, c’est non ! Après 2019, c’est un nouveau moment social pour sauver nos retraites qui s’annonce et que nous allons construire.

Voir aussi le dossier Défendons nos retraites sur le site de Solidaires