Soutien aux élèves du lycée Victor Hugo, stop à la répression policière et administrative

Le 8 juin, alors que nous apprenions que l'amendement qui demandait l'abrogation du report de l'âge de la retraite à 64 ans ne serait pas soumis au vote des députés, des lycéen·nes du lycée Victor Hugo, organisaient l'occupation de leur lycée.

Cette occupation était l'occasion pour elles et eux de se retrouver, de débattre et de s'organiser face à ce qu'il est en train de se passer dans le pays et que beaucoup, au sein même de la classe politique et des institutions, dénoncent comme un déni de démocratie.

Plutôt que de se réjouir de leur implication et de leur façon de faire vivre concrètement la démocratie et alors qu'il n'y a eu ni violences ni dégradations pendant cette courte occupation, l'administration du lycée Victor Hugo, semble t-il appuyée par le rectorat de Paris, organise depuis le 20 juin la chasse aux lycéen·nes ayant participé à l'occupation.

Cette répression, qui s'organise à coup de convocations et de dépôt de plainte, est d'autant plus scandaleuse qu'elle se déroule pendant les épreuves du bac. En tout, ce sont 30 élèves qui ont été convoqué·es, certain·es le jour même de leurs épreuves.

En attendant d'avoir plus d'éléments sur une affaire qui apparaît déjà comme la répression ciblée de lycéen·nes que l'établissement et le gouvernement préféreraient silencieux·ses, SUD éducation Paris affirme haut et fort son soutien et sa solidarité aux lycéen·nes inquiété·es et à leurs familles.

Nous diffusons le communiqué qu'ils et elles ont écrit ce soir là, leur parole nous (ré)confortant dans nos missions de personnels d'éducation.

Communiqué des lycéen·nes occupant le lycée Victor Hugo le 08/06/2023

Dégoûtés par les politique antisociales (retraites, chômage, squat) et méprisantes du gouvernement « 49.3 », mais aussi de tous les précédents, désabusés par la voie légale et législative, qui ne permet pas de vote sur des lois que 70 % des citoyen.ne.s refusent. Horrifiés par l’inaction volontaire, puérile et malhonnête des institutions et des multinationales devant l’hécatombe climatique, désemparés devant l’avenir que nous réserve l’enseignement national, miné par les réformes injustes (Parcoursup) et par les manques de moyens, confus par les violences systématiques des forces du désordre, qui écrasent les contestations et autres brèches alternatives, tout en multipliant les actes racistes.

Écœurés par les tentatives de contrôle de l’État d’une jeunesse rêveuse et engagée, par le SNU mais aussi par l’ingérence et la non régulation des matrices psychologiques que sont les réseaux sociaux, scandalisés par les dérives autoritaires de ce même État, qui présagent un sombre avenir pour la Liberté et les contestations légitimes.

Désenchantés par la logique productiviste, néo-libérale qui prône l’enrichissement comme mode de vie tout en ruinant et opprimant nos parents, grands-parents, frères et sœurs, nous sommes les lycéens révoltés, et nous refusons la direction que prend notre monde.

Nous agissons, autonomes et organisés, et nous agirons jusqu’à la justice sociale et écologique. Soyons fiers, rejoignez-nous, et que l’espoir d’un monde différent nous guide.

À l’heure actuelle nous retransmettons en direct dans l’occupation la séance morne de l’Assemblée nationale, comme une provocation qui dénonce et met en évidence la différence fondamentale qu’il y a entre le système actuel et les aspirations de la jeunesse qui se sent concernée, qui veut s’organiser et changer la société en profondeur.

Nous tenons à préciser que l’occupation a été faite sans violence et que l’ambition n’est pas de dégrader l’établissement mais d’éveiller les consciences et de montrer que la lutte lycéenne peut prendre corps au sein même de nos ennuyeux lycées.