Le SNU risque de devenir obligatoire

Article mis à jour du 28 février 2023 :

Dans un contexte social tendu, sur fond de réformes des retraites et d'opposition massive à cette réforme, Emmanuel Macron a décidé de reporter les annonces concernant le SNU entre mars et juin.

Cependant le contenu de ces annonces se précise. Le SNU devrait se généraliser dès 2024, avec six départements tests : le Cher, les Hautes Alpes, les Vosges, le Finistère, la Dordogne et le Var. En 2025, le SNU obligatoire serait ensuite étendu à 20 départements puis à l'ensemble des départements en 2026. Il serait mis en place avec une obligation de 12 jours sur temps scolaire pour tous les jeunes en classe de seconde et en première CAP. Pour cela, le gouvernement devra modifier la loi et donc passer par le Parlement.

Article du 8 janvier 2023 : 

Lors de ses vœux du 31 décembre, Emmanuel Macron a rappelé qu’il souhaite voir se généraliser le SNU (Service National Universel). Ce vœu devrait être suivi de nouvelles annonces mi-janvier sur le changement de statut du SNU qui deviendrait alors obligatoire.

Passé en sous la double tutelle du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et de celui des Armées, doté d’une secrétaire d’Etat, le coût de ce dispositif est considérable : le budget 2023 prévoit une enveloppe de 140 M€ (+30 M€ par rapport à 2022, soit près de 30% d’augmentation du budget) alors qu’il n’a accueilli l’an dernier que 32 000 jeunes, contre les 50 000 attendus par le gouvernement. Si un tel dispositif devait être rendu obligatoire, et donc étendu à tous les élèves de 2nd et CAP, on estime que ce coût passerait à 1 à 3 milliards par an, montant auquel doit s’ajouter les investissements nécessaires à l’accueil de l’ensemble de ces jeunes (hébergement, infrastructures,…).

Présenté par le gouvernement comme une « aventure » pour les jeunes qui « souhaitent participer à la construction d’une société de l’engagement, bâtie autour de la cohésion nationale », il s’agit avant tout de prérecruter des jeunes pour l’armée. Parmi les 10000 jeunes qui avaient participé à un séjour de cohésion du Service national universel (SNU) en 2021 et commencé ou terminé ensuite leur mission d’intérêt général (MIG, 2e partie du SNU), un sur deux l’a réalisée dans les « corps en uniforme » (armée, police, gendarmerie ou pompiers).

Les organisations et collectifs qui composent le collectif Non au SNU appellent toutes les forces démocratiques qui refusent le SNU à exiger le retrait du projet gouvernemental et à agir unitairement pour cela et rappellent que le SNU est :

Une opération de soumission de la jeunesse : il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes... Règles et normes qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de toutes et tous les jeunes de 16 à 25 ans. Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques.

La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses : les jeunes seront utilisé∙es pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employé∙es qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800 000 jeunes seront exploité∙es, sans aucun de ces droits, pour des durées variables ; ils et elles seront très vivement encouragé∙es à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.

Des dépenses considérables : Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Éducation, qu’aux mains des militaires !

Le renforcement de la militarisation. Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando, etc. contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde.

Sans surprise, il n’est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.