Courrier des parents de l’école Manin à la DASEN contre le « Choc des savoirs »

Madame,

Nous, parents représentants élus FCPE et sans étiquette de l’école élémentaire B du 30 Manin (Paris 19) tenons à exprimer notre refus catégorique de la réforme du choc des savoirs dans toutes ses dimensions. Nous soutenons inconditionnellement l’équipe enseignante de l’école, très inquiète des pressions qui s’exercent déjà sur les élèves de CM2. Les enseignants se demandent quel sera le sens de leur métier si l’école élémentaire devient le lieu d’une préparation à un tri scolaire et social irréversible à l’entrée en 6ème. Nous, parents, nous associons pleinement à leurs inquiétudes et refusons que les écoles soient transformées en « mini-collèges » avec la pression d’un examen-sanction qui déterminera dès l’âge de 10 ans le devenir scolaire, professionnel et social de nos enfants.

Nous refusons que nos enfants soient toujours davantage soumis à des évaluations qui n’ont pas d’autre but que de les trier et de les placer dans des groupes de niveau associés à des mesures de gestion comptable. Les évaluations ne sont pas et ne doivent en aucun cas devenir l’objectif premier de l’école. L’école doit rester un lieu où l’on apprend. Les enfant doivent y venir en confiance, en sachant qu’ils ont le droit de se tromper, que l’erreur est une source d’apprentissage. Les évaluations doivent leur permettre de mesurer leurs progrès et de comprendre ce qu’ils doivent encore travailler.

Nous refusons l’esprit de cette réforme qui s’appuie sur une conception abjecte des relations humaines : la compétition, l’abandon des plus faibles, la lutte pour un modèle de « réussite » qui fait fi des valeurs de notre devise républicaine d’égalité et de fraternité. Nous refusons cette réforme du chacun contre tous, qui va déclencher des bagarres dans la cour avant de se traduire par des choix de haine dans les urnes.

À l’heure où l’on parle de valeurs civiques et d’autorité, nous aimerions rappeler qu’il n’est pas d’autorité sans justice, sans équité et sans souci de protéger ; qu’il n’est pas de civisme possible dès lors qu’on décide de trier les enfants, d’abandonner les uns (souvent les plus vulnérables socialement) à un avenir tout tracé de déclassement, tandis qu’on mettra les autres en concurrence dans des classes surchargées.

Nous serons à chaque instant aux côtés de l’équipe enseignante de notre école parce que cette équipe a toujours eu à cœur d’accueillir tous les enfants, de les protéger et de les soutenir dans leurs efforts et leurs progrès, quels que soient les efforts à fournir, quelle que soit l’ampleur et la difficulté de la tâche. Nous serons à leur côté pour refuser les évaluations de fin de CM2, pour refuser que notre école soit transformée en centre de tri social et qu’elle garde sa vocation d’institution publique œuvrant à l’égalité des chances de tous les enfants.

Nous vous remercions de votre attention et réaffirmons notre attachement aux valeurs de l’école publique.

Les parents de l’école élémentaire B du 30 Manin, Paris 19ème

Mobilisations contre le « choc des savoirs »